"Il faut trouver des moyens d’attirer et de retenir les soignants": le nouveau directeur de l’hôpital de Cannes dévoile ses ambitions

Il a pris ses fonctions de directeur de l’hôpital Simone-Veil au début de l’été.
Professionnel reconnu du secteur hospitalier public, Jean-Mathieu Defour arrive avec une solide expérience et une vision profondément humaine du service public de santé.
Le nouveau dirigeant évoque son parcours, ses ambitions pour l’établissement et sa vision du rôle de l’hôpital.
Qu’est ce qui vous amène à Simone-Veil?
D’abord, je suis Toulonnais donc j’ai ma famille entre le Var et Monaco. Ensuite, je suis au départ soignant. J’ai donc travaillé dans un service d’urgence médical psychiatrique et toxicologie à Lyon. Là-bas, le DRH m’a poussé à passer les concours. Je suis devenu dirigeant. Dans ce cadre, on m’a demandé d’aller construire un hôpital en pleine jungle amazonienne, en Guyane. Ce que j’ai fait. Puis je suis revenu et j’ai été nommé à Bastia en plein Covid. Puis je suis parti à Mayotte. Et me voilà...
Comment trouvez-vous cet hôpital?
C’est un très bel établissement. Bien fait, bien entretenu, avec de très belles équipes. Par expérience, je dirai qu’il faut neuf mois pour bien connaître un hôpital et je ne suis là que depuis trois mois. Je passe chaque jour dans un secteur différent. Je prends le temps de le connaître et je note tout sur mon carnet. J’ai visité les urgences, la réanimation, la pédiatrie, la DRH, la cardiologie, l’urologie et je continue... C’est un bel hôpital avec des difficultés comme dans tous les hôpitaux: de financement et de recrutement car la compétence médicale est rare. Il faut trouver des moyens d’attirer et de retenir les soignants.
C’est donc votre priorité?
Ma priorité c’est de proposer aux patients les meilleurs soins possible, en qualité et en sécurité. Et pour cela il faut de bons médecins. Du coup, il faut des médecins qui travaillent dans de bonnes conditions.
Quelles actions envisagez-vous pour, justement, attirer et fidéliser les professionnels de santé?
Je souhaite développer une politique de l’attractivité plus agressive qu’auparavant. Il y a eu, avant mon arrivée, une étude menée sur l’image de marque de l’hôpital de Cannes, son attractivité et la fidélisation. Nous allons nous appuyer sur ses résultats. Ce qu’il faut c’est trouver le petit truc en plus. Et pour moi, il sera dans les conditions de travail, les projets, l’innovation. Pour attirer les jeunes générations de médecins qui ont travaillé dessus dans le cadre de leur formation et le retrouveront. Nous allons accompagner la recherche clinique. Donner la possibilité pour nos agents de bénéficier d’un coach. Et je veux davantage associer les médecins dans la prise de décision de l’hôpital au sein du directoire.
Comment allez-vous intégrer la voix des usagers?
On a des représentants des usagers extrêmement dynamiques, je souhaite développer le lien que nous avons avec eux. Le service dédié aux usagers s’est développé, du mi-temps on est passé à deux personnes à temps plein qui répondent aux remarques. Et on fait systématiquement des enquêtes.
Quelles actions à venir dans l’hôpital?
Je vais rendre hommage à mes prédécesseurs: notamment concernant le robot opératoire qui est arrivé et va servir en urologie, gynécologie et à la chirurgie viscérale. C’est Yves Servant qui avait passé le bon de commande. Les jeunes chirurgiens apprennent à travailler avec des robots. Et les patients apprécient. C’est un moyen d’augmenter l’attractivité. Nous avons lancé hier les travaux d’extension de la dialyse. Livraison dans six mois. Nous allons ouvrir l’hôpital de jour d’oncologie, l’unité kangourou visant à maintenir le lien enfant-parents même si le bébé a besoin de soins spécifiques.
Comment voyez-vous l’hôpital dans cinq ans?
Un hôpital numérique forcément! Avec l’utilisation de l’intelligence artificielle on va lancer un comité de pilotage sur le sujet.
Le développement durable fait aussi partie des priorités de l’établissement. De multiples actions y sont menées, déjà évoquées dans ces colonnes.
Ce jeudi 11 septembre 2025, l’hôpital a consacré la journée au sujet de l’eau. "Nous sommes le premier établissement de santé au niveau national à mesurer notre empreinte hydrique" explique le directeur.
Comprendre l’impact de l’activité d’un établissement de santé sur l’environnement pour mieux gérer sa source et réduire le gaspillage en choisissant des fonctionnements moins gourmands en eau. Tout un programme à l’hôpital de Cannes...
Nice Matin